Anne-Marie Milliot


1936-2019



Exposition Anne-Marie Milliot, Galerie Ester Milano Cimmarusti. Bari, 1983. 


 

Catalogue exposition-vente Ader

1977-1985, les années radicales
Vendredi 5 février 2021
           

Catalogue exposition-vente Ader

1977-1985, œuvres choisies
Jeudi 19 septembre 2024



       


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Bâti bleu, 1977-78
Tissu peint acrylique, plis en réserve et brodé de coton
128 x 323 cm
collection particulière



 

Composition, 1978

Acrylique et tressage de coton sur toile
130 x 97 cm
collection particulière



                             
Papier volume triangle blanc, 1979
Papier d’Ambert et inclusion de cordes
120 x 90 x 42 cm
collection particulière





18 feuilles armées et assemblées, 1979
Papier teinté, papier de soie et cordes, polyptyque 18 panneaux
168 x 100 cm
collection particulière




Assemblage 40 panneaux, 1979

Papier d’Ambert, papier de soie et cordes
69 x 35 cm
collection particulière


                                       
Assemblage 12 panneaux, 1979
Papier d’Ambert inclus de cordes teintées
141 x 151 cm
collection particulière





Composition, vers 1979-80
Papeir d’Ambert et arrachage de cordes teintées
51 x 64 cm
collection particulière


     


Composition, 1983
Assemblage de papier Abac
201 x 98 cm
collection particulière




       
Empreintes, 1982-83
Papier d’Ambert et empreintes polychromes. Polyptyque 7 panneaux
21 x 15 cm chaque
collection particulière




Composition, 1981
Papier soudé à l’acrylique
54 x 120 cm
collection particulière




Pour Waldy, 1984

Acrylique, papiers soudés
53 x 67 cm
collection particulière
     




Collections publiques (sélection)



           

100 feuilles armées et assemblée, 1979
Papier d'Ambert et cordes
600 x 450 cm
Musée d'Art Moderne de Paris


               
27 feuilles armées et assemblées, 1981-82
Papier d'Ambert et empreintes bleues et cordes
156 x 67 cm
FNAC, dépôt au musée des Arts décoratifs de Paris






Bio / Bibliographie


Anne-Marie Milliot

Née en 1936 à Is-sur-Tille (Côte-d’Or). 
Étudie à l’École des Beaux-Arts de Dijon, de 1956 à 1959.
Recommence à peindre au début des années 70, après une longue interruption.
Travaille avec le papier de 1977 à 2019, année de son décès, à Paris.


Collections publiques et privées 

Une vingtaine d’œuvres d’Anne-Marie Milliot sont conservées dans les collections publiques françaises, parmi lesquelles le Fonds national d’art contemporain (dépôt au musée des Arts décoratifs) et le musée d’Art moderne de Paris.

Près de 500 œuvres sont conservées dans plus d’une centaine de collections privées, en France et à l’étranger. 


Principales expositions personnelles (1977-1985)

1977
Anne-Marie Milliot. Panarea 77,
Galerie Eupalinos, Clermont-Ferrand

1978
Anne-Marie Milliot, Galerie La Nacelle, Clermont-Ferrand

1981
Dans le papier la couleur la toile. Rencontre avec Anne-Marie Milliot, Musée Cantonal des Beaux-Arts, Lausanne (Suisse)

1982
Anne-Marie Milliot. Assemblages, Centre culturel, Cherbourg
Anne-Marie Milliot. Dans le papier la couleur la toile, Galerie La Main, Bruxelles (Belgique)

1983
Anne-Marie Milliot. Lisse et strié, Maison de la Culture, Amiens
Anne-Marie Milliot, Galerie Ester Milano Cimmarusti, Bari (Italie)

1984
Anne-Marie Milliot, Galerie Pasnic, Paris

1985
Anne-Marie Milliot, École des Beaux-Arts, Clermont-Ferrand
Anne-Marie Milliot. Dans le papier, la toile, Galerie Noëlla Gest, Saint-Rémy-de-Provence



Principales expositions collectives (1978-1985)

1978
32e Salon des Réalités Nouvelles, Parc Floral, Paris
La Texture, Espace lyonnais d’art contemporain (ELAC), Lyon
Grands et jeunes d’aujourd’hui, Grand Palais, Paris

1979
Espace et Matière, Espace lyonnais d’art contemporain (ELAC), Lyon

1980
Deutsche und Französische Maler, Librairie-Galerie Berens, Trèves (Allemagne)
Papier Papier, Musée Réattu, Arles
Détournement du fil, Le Groupe Tapisserie, Roubaix
Les Métiers de l’art, Musée des arts décoratifs, Paris
Première Biennale internationale de la miniature textile, Szombathely (Hongrie) 

1981
10e Biennale internationale de la Tapisserie contemporaine, Musée des Beaux-Arts, Lausanne (Suisse)
Textile vannerie, Théâtre d’Angers

1982
Articulations, art textile contemporain, Entrepôts Lainé, Bordeaux
De l’assemblage à l’espace, Galerie municipale Édouard-Manet, Gennevilliers
Textielstructuren, Vieille église, Vichte (Belgique)

1983
Multiples, Artothèque, Cherbourg
Fibres non tissées, Galerie Bellefontaine, Lausanne (Suisse)
Le Papier. Un nouveau langage, Musée des arts décoratifs, Lausanne / Museum Bellerive, Zurich (Suisse)
Première Biennale internationale de créations textiles, Abbaye d’Ouville, Yerville
Papier & Arts plastiques, Centre national de recherche, d’animation et de création pour les arts plastiques (CRACAP), Le Creusot

1984
• Papier matière : exposition internationale d’œuvres contemporaines en papier, Musée du Saguenay-Lac-Saint-Jean, Chicoutimi (Canada)
Dédale 84, deuxième biennale des métiers d’art, Centre international de recherche, de création et d’animation (CIRCA), La Chartreuse, Villeneuve-lès-Avignon
Première Biennale du dessin, Clermont-Ferrand

1984-1986
Art textile – Art souple. Dix artistes français contemporains, exposition itinérante sous l’égide de l’Association française d’action artistique (AFAA), Amérique latine, Australie, Nouvelle-Zélande, Afrique du Nord

1985
Magnetics in Paper, Galerie De Sluis, Leidschendam (Pays-Bas)
Exposition collective, Damon Brandt Gallery, New York (États-Unis)

Textes


Ce qui m’a attiré vers son atelier, c’est le travail qu’elle mène avec le papier. Non pas le papier manufacturé utilisé comme support, mais le papier matière. 

À première vue ses œuvres ont l’aspect rassurant des traditionnelles feuilles de papier à la cuve, rectangulaires, blanches, placides. Feuilles isolées, serrées dans des cartons, empilées sur des tables, semblables à des ballots de colporteurs, des livres non cousus qui laisseraient échapper leurs fils épars. L’apparence est trompeuse. La vie a pris possession de ces feuilles, chargées d’éléments inclus, porteuses d’empreintes, marquées de signes, détentrices de secrets : au cœur de chacune d’elles la matière a parlé. On les touche, elles palpitent, on les libère, elles se déploient, monumentale.

Si Anne-Marie Milliot choisit de réaliser son propre matériau, c’est pour le façonner à sa convenance, se procurer le plaisir d’y découvrir les messages qu’elle-même insère – cacher pour révéler –, pour nous révéler des empreintes, des signes, des messages. Réunir les feuilles isolées, les assembler, c’est leur conférer une dimension, un rythme, une sémantique. Souder les fragments d’un ensemble volontairement disjoint – détruire pour reconstruire –, n’est-ce pas manifester l’intention de s’exprimer en modifiant l’ordre des choses pour parler un nouveau langage. 

Marie-Noël de Gary, 1982
Catalogue d’exposition Anne-Marie Milliot. 1977-1985, les années radicales, Ader, Paris, 2021


§


L’assemblage au moyen de fils noués, c’était pour moi le moyen de faire avec des surfaces de dimensions réduites des grandes surfaces, des espaces à l’infini.

Les premiers fils que j’ai inclus dans la feuille de papier étaient blancs, par la suite j’ai peint les fils. Au début je travaillais sur du papier sec pour que la couleur se dépose seulement à l’endroit souhaité, ensuite j’ai accepté qu’elle soit libre dans l’humidité du papier, qu’elle m’échappe, se dissolve, que les pigments colorés travaillent différemment suivant leurs caractéristiques propres. C’est à ce moment que j’ai fait mes premières empreintes et dévoilé, à l’intérieur du papier par arrachage du fil, la marque qu’il avait laissée. Je suis passée naturellement du fil à la toile, j’ai utilisé de petits morceaux de toile repliée, gorgés de couleur, que j’ai de la même manière emprisonnés au cœur du papier puis dévoilés… une suite au titre presque évident : dans le papier, la couleur, la toile. Les éléments qui avaient permis ce travail ou qui en étaient issus, je les ai recyclés dans d’autres feuilles assemblées en de grandes compositions qui ont été présentées en novembre 1982 à la Galerie La Main à Bruxelles.

J’ai une relation privilégiée avec le papier. Je suis bien avec le papier, tout mon corps est impliqué dans ce travail. Faire du papier, c’est faire un ensemble de mouvements, de gestes très rythmés, et j’éprouve un vrai plaisir au contact de la pâte tiède, liquide, blanche. J’ai conscience de créer quelque chose depuis le début. En ce moment c’est le papier qui est le plus important pour moi, à un autre moment ce sera autre chose. J’ai besoin de manipuler des matériaux, la toile, le bois aussi. J’ai cassé des baguettes de bois pour le plaisir de les casser, mais aussi pour le plaisir de les recoller, et j’ai eu le même plaisir à découper et à ressouder les toiles bleues et brunes que j’ai réalisées au printemps dernier. 

Je ne veux pas qu’on m’enferme, ni dans le papier, ni dans autre chose, ni dans aucun matériau, ni dans aucun fonctionnement. Je veux être libre de m’exprimer comme je veux avec ce qui me plaît…

Anne-Marie Milliot, 18 novembre 1982 
Réponses à des questions de Marie-Noël de Gary


§


Déchirer, inciser, perforer, froisser, gratter, réaliser des empreintes, etc. : la peinture d’Anne-Marie Milliot réactive certains gestes décisifs des années 1950-1980, gestes initiés par Lucio Fontana, Jean Degottex, certains membres du groupe Support-Surface, d’autres encore. C’est dire qu’elle n’a en rien abdiqué le côté expérimental de ces années-là, qu’elle n’a pas baissé la garde, cédé à la tentation du confort de la répétition, de l’embourgeoisement. C’est dire également qu’elle ne se sent pas écrasée par les références citées, mais au contraire vivifiée, stimulée par elles. 

De tous les gestes mentionnés, celui d’inciser est le plus essentiel car il est le principe de plusieurs de ses séries. La peinture d’AMM est ainsi une peinture par incision. L’incision laisse, en effet, jouer la capillarité de la couleur à travers le support, brouillant les faces (où est le recto ? ; où est le verso ?), engageant entre elles un jeu de va-et-vient, de dialogue. Nombre de ses œuvres seraient à présenter non contre un mur, mais dans l’espace, afin que les deux faces soient visibles.

AMM peint par série, jusqu’à la panne. Elle peint tant que le travail en cours la surprend, l’étonne, l’amuse, l’émerveille. Ce qu’elle aime : se donner au départ quelques règles, certaines contraintes, qui, en cours de route, dévieront, viendront la surprendre – voire la menacer. Si le résultat est donné au départ, alors à quoi bon continuer de peindre… 

AMM ne vit pas sur ses acquis ; à chaque nouvelle série, elle les met en jeu. La réussite est souvent très près de l’échec : un mince fil les sépare. La plupart du temps, on ne sait pas très bien à quoi tient la réussite ou l’échec, le basculement d’un côté ou de l’autre.

Christian Limousin, 2012
Catalogue de l’exposition Anne-Marie Milliot. L’Étape de Vézelay, Maison Jules-Roy, Vézelay, 2012


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Francesco Rapazzini
“La carta nel suo destino”, Charta, n°172, juillet-août 2021


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